Jeff Reine-Adélaïde (RWDM, ex-Arsenal et Lyon) sur le Gril : « Avant le RWDM, j’ai pensé arrêter le foot »

Depuis cet été, sa conduite de balle veloutée illumine les travées du Stade Edmond Machtens. Plus gros achat de l’histoire de l’Olympique Lyonnais (25 millions d’euros !), attiré dès ses 17 ans par Arsène Wenger à Arsenal, il évoque Pierre Bachelet, le temps additionnel, Kylian Mbappé, la langue créole, Xavier Mercier, son projet d’école au Malawi, Dayot Upamecano, la place de l’argent, Santi Cazorla, les ligaments croisés et Eden Hazard. Mais aussi Abou Diaby, le rap US, Jason Denayer, la météo belge, Claudio Caçapa, les Play-Offs, Kevin De Bruyne, le double contact et Mikaël Biron. Et surtout… le colombo de poulet antillais. Jeff Reine-Adelaïde (RWDM) passe  » Sur Le Gril « .

Il débarque, ponctuel au rendez-vous, bonnet-pompon sur le crâne, en ce jeudi pluvieux. Bienvenue en Belgique pour lui… l’enfant du soleil, originaire de Martinique.

 » Vous savez, j’ai grandi à Paris, alors cette météo de vent et de pluie, je suis habitué…  » sourit Jeff Reine-Adélaïde, le médian offensif du RWDM.  » On a l’impression pour l’instant qu’on a les quatre saisons en même temps (sic). On a eu un quart d’heure de soleil ce matin : par chance, c’était juste quand on s’entraînait (clin d’œil). Mais c’est vrai : ça fait déjà quatre ans que je ne suis plus retourné en Martinique voir la famille, je compte bien y passer cet été. Là-bas, les Reine-Adélaïde sont très nombreux : mon père a cinq frères et sœurs… et ma mère huit ! Ici, je parle un peu créole avec mon pote Mika Biron, aussi originaire de Martinique. Et quand je vais voir mes parents, ils me font du colombo antillais : riz, poulet, légumes, épices de Martinique ! Je suis très attaché à ma culture : j’éduque mon fils dans ce sens et sous mes chaussures, mes studs ont les couleurs des drapeaux martiniquais et français ! On aime bien le foot dans la famille… mais le meilleur, c’était mon frère Jonathan (NDLA : qui est aussi son agent). Il a toujours été surclassé mais les blessures ont plombé sa carrière. C’était lui, le plus doué de la famille ! « 

 » Mon préparateur mental m’a ouvert sur mes émotions « 

Comme un air de déjà vu… Formé à Lens et venu de Lyon, JRA est à Molenbeek pour relancer sa carrière stoppée depuis trois ans par deux graves blessures au genou (rupture des ligaments croisés).

 » Un pas en arrière d’avoir signé ici à Molenbeek ? (Il réfléchit) Oui et non… Oui, parce que c’est vrai que j’ai connu de très grands clubs dans ma carrière (NDLA : Arsenal et Lyon). Non, car je dois refaire mes preuves après avoir si peu joué depuis trois ans. Petit à petit, je retrouve mes sensations et la sensibilité de mes genoux : il faut enchaîner les matches dans ma situation et Molenbeek était une bonne opportunité pour moi. De nature, je suis quelqu’un de très positif et je ne me prends pas la tête : je ne ressasse pas le passé. J’essaie d’aller de l’avant, d’aider mes coéquipiers et surtout de prendre du plaisir. Ce plaisir qui m’a tant manqué ces trois dernières années… J’ai traversé une grosse période de doute et comme tout joueur dans cette situation, j’ai pensé arrêter le foot (Il marque un silence). En une seule année, je me suis quand même brisé deux fois les genoux… C’était très dur mentalement, mais j’ai reçu les soutiens nécessaires. Ma famille m’a soutenu, Claudio Caçapa aussi que j’ai bien connu à Lyon et pour lequel j’ai signé ici. J’ai aussi fait appel à un préparateur mental avec qui je faisais de la visualisation. Je suis quelqu’un qui ne s’ouvre pas facilement mais avec lui, j’ai dû parler de mes émotions et ça m’a fait beaucoup de bien. Avant chaque match, avant de monter sur le terrain, je me parle intérieurement. « 

 » Arsène Wenger m’a fait confiance alors que j’avais 17 ans… « 

Jeff Reine-Adélaïde (25 ans) est une ex-grande pépite du football français. Passé par toutes les classes d’âge de l’Equipe de France, il signe dès ses 17 ans à Arsenal pour 10 millions d’euros. Et en 2019, il paraphe à Lyon… le plus gros transfert entrant de l’histoire de l’OL (25 millions d’euros) !

 » À Arsenal, j’ai rencontré un grand entraîneur Arsène Wenger, un homme qui a monté tout ce club. Il m’a directement fait confiance… alors que j’étais le petit jeune et que je ne parlais pas un mot d’anglais. À 17 ans, il m’a aligné en amical contre Wolfsburg et m’a dit de jouer mon jeu sans pression, de rester moi-même et de me faire plaisir. Ça a bien marché puisque j’ai sorti une passe dé et que j’ai été élu Homme du match ce jour-là. (clin d’œil) J’espère bien un jour retourner jouer en Angleterre : c’est un football de box-to-box, on se rend coup pour coup… même si Manchester City a aujourd’hui amené un jeu basé sur la monopolisation du ballon. À Londres, j’ai connu de grands moments, j’ai participé à la campagne victorieuse en FA Cup. J’ai côtoyé et affronté de grands joueurs : Kevin De Bruyne notamment, c’est la classe, lui (sic). En France, j’ai aussi joué contre Jérémy Doku quand il était à Rennes. Vous avez une fameuse génération de joueurs, les anciens et les nouveaux. Eden Hazard : quel dommage qu’il arrête sa carrière… Depuis la Coupe du Monde 2018, vous ne nous aimez pas, nous, les Français !  » (Il s’esclaffe)

 » RWDM ? Euh… « 

Arrivé à Molenbeek dans le cadre des passerelles du groupe Eagle du propriétaire John Textor, Reine-Adélaïde a dû se frotter à un nouvel environnement.

«  Les initiales RWDM ? Euh… non, j’ignore ce que ça signifie. Vous savez, mon transfert s’est fait très vite, en toute fin de mercato, et je n’ai pas eu le temps de creuser tout cela… Mais je sais quand même que c’est un club historique, qui a été champion de Belgique ! Honnêtement, le championnat belge est peu suivi en France… mais j’ai découvert un football très offensif, où tout le monde joue pour gagner. En France, vous savez, c’est beaucoup plus fermé : contre le PSG, les équipes mettent le bus ! (sic) J’avais joué une fois un amical avec Lyon contre Anderlecht, mais c’était ma seule expérience contre un club belge. Je regarde beaucoup la Liga, la Ligue 1 et la Premier League parce que tous mes amis jouent là-bas… et j’avoue que pour le foot belge, je ne regarde que les résultats. (clin d’œil) Après, le staff nous briefe sur les adversaires avant le week-end, hein ! Je sais par exemple qu’Eupen est une équipe très accrocheuse et que samedi, on va vivre un match compliqué. Mais on va tout faire pour gagner ce match important ! « 

 » On est frustrés de nos fins de match « 

Car avec le RWDM, JRA vit d’autres émotions : celles de la lutte anti-bascule en D2. Et après le partage poussif contre Courtrai, les Coalisés abordent un nouveau match-clé ce samedi eu Kehrweg.

«  Je trouve qu’on a des joueurs de qualité : on a fourni de bonnes copies mais on n’a pas toujours mis le pied comme il le fallait. (sic) Et notamment dans les fins de matches… (NDLA : le RWDM a perdu sept points dans le temps additionnel ces dernières semaines !) On parle entre nous de ces fameuses fins de match : on est frustrés mais c’est ensemble qu’on trouvera les solutions. Mais ce n’est pas la crise pour autant : on est tôt dans la saison et le groupe vit très bien, il n’y a aucun stress. On a un vestiaire super avec plein de mecs sympas, où toutes les cultures cohabitent. Et donc toutes les musiques aussi : on met du rap US, de la musique latino pour les Brésiliens, de la musique des Antilles pour nous… et même de la musique japonaise pour Shuto Abe !  » (clin d’œil)

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