Alors que tout envoie Kylian Mbappé au Real Madrid à la fin de saison, le capitaine des Bleus entame, sans doute pour la dernière fois sous le maillot du PSG, le tableau final de la Ligue des champions. Même si son destin semble échapper à Paris, Mbappé a encore un compte à régler avec la C1, la seule compétition qui échappe encore à son appétit vorace.
Si tout s’achève le 30 juin prochain, comme tous les signaux venus de France et d’Espagne l’indiquent désormais, comment jugera-t-on les sept années de Kylian Mbappé au PSG ? Pourra-t-il être considéré comme le plus grand joueur de son histoire ? Peut-être. Sans doute, même. Mais il restera toujours cette note de bas de page, ce petit goût désagréable en bouche. La Ligue des champions reste, aujourd’hui, le dernier obstacle à son règne sans partage à Paris. Mbappé, meilleur buteur de l’histoire du club, a pourtant réussi des prouesses mais l’enjeu central de sa venue à Paris, comme de celles des Neymar, Messi, Ramos, Buffon, Ibrahimovic, était de remporter la C1. Jusqu’ici, c’est un échec. Son unique échec.
Mais il lui reste une (dernière ?) chance, une (ultime ?) danse. Jamais la pente n’a semblé aussi raide face à lui. Ce défi est le plus difficile de tous ceux qu’il a eus à relever à Paris. Parce que le club a pris un nouveau virage. Neymar, Messi et Ramos sont partis et leurs remplaçants n’ont ni leur expérience, ni leur talent. Il n’a jamais existé sous le règne de Mbappé un PSG aussi peu armé pour aller loin en Ligue des champions, un objectif qui n’en est d’ailleurs plus un, selon Nasser Al-Khelaifi. En vérité, il ne reste plus qu’une arme pour décrocher la lune, Kylian Mbappé précisément.
Bradley Barcola est en pleine progression, Ousmane Dembélé a des éclairs de génie mais la C1 ne s’offre qu’à ceux qui ont sué pour l’avoir et ce Paris semble tout petit à côté des armadas mancunienne, madrilène ou munichoise. Il faudra donc un Mbappé gigantesque, comme il l’est depuis le début de saison et sans doute un peu plus, non pas pour se défaire de la Real Sociedad mais pour aller tout au bout du chemin. Cette mission, il la connaît puisque voilà quelque temps tout de même que Paris compte essentiellement sur lui lors de ses milieux de semaine.
Même avec Messi et Neymar, c’est lui qui se chargeait de porter le PSG en Europe. Et même s’il s’en va sans le trophée majeur, même s’il a parfois eu sa part de responsabilité dans les échecs parisiens (ah, cette frappe trop molle face à Manuel Neuer en finale…), il faudra se souvenir que lui, contrairement à beaucoup d’autres (Messi et Ibrahimovic notamment), fut à la hauteur des plus grands rendez-vous européens : un triplé au Camp Nou en 8e de finale (2021), un doublé à Munich quelques semaines plus tard et une double confrontation gigantesque face au Real Madrid (2022) où il fut à peu près le seul à la hauteur de l’enjeu.
Aucune démission jusqu’en juin
Cette double confrontation en 8es de finale face aux Merengues, et ses deux merveilles inscrites à l’aller et au retour, doivent rappeler une chose essentielle, à l’heure où l’avenir de Mbappé semble plus préoccuper l’environnement parisien que celui de l’équipe en C1 : même quand toutes les rumeurs l’envoient ailleurs, même quand son aventure à Paris semble se terminer, il est capable d’en faire abstraction.
Dans un stade Bernabeu qui l’avait accueilli, ce soir-là, comme une recrue, Mbappé avait été clinique et sans pitié. Il n’y aura aucune démission avant juin parce que ce n’est pas du tout le genre du bonhomme et parce que le défi, ramener la première C1 à Paris, dépasse tous les enjeux de l’été. Aborde-t-il ce 8e de finale, peut-être son dernier à Paris, dans un état d’esprit particulier ? “Ce n’est pas la manière dont je le ressens, a commenté Luis Enrique mardi. Je ne ressens ni joie ni tristesse particulière, il est comme d’habitude.” Bonne chance à la Real Sociedad.