Le football, c’est la mémoire des émotions. Ce samedi, Nottingham Forest a livré un combat haletant face à Leicester (2-2), un derby à la tension extrême, un match nul qui pourrait compliquer la quête de la Ligue des Champions. Mais ce n’est pas le score qui restera dans les mémoires. Non. C’est la scène d’humiliation infligée par Evangelos Marinakis, président mégalomane du club, à l’homme qui a pourtant rallumé les feux de l’espoir au City Ground : Nuno Espírito Santo.
À peine le coup de sifflet final retenti, Marinakis a traversé la pelouse comme un seigneur vexé, le regard noir, la colère au bord des lèvres. Et devant joueurs, caméras et supporters médusés, il s’en est pris verbalement à son coach. Un lynchage public. Une démonstration d’autorité aussi déplacée qu’indigne. Une gifle à tout ce que le football doit protéger : la loyauté, le respect, l’unité.
Faut-il rappeler à Marinakis d’où revient ce club ? Où était Forest il y a encore deux ans ? Qui a porté cette équipe vers un rêve européen inespéré ? Nuno Espírito Santo a redonné une âme à Nottingham. Son travail, son intégrité, sa vision ont fait vibrer tout un peuple. Et ce peuple n’a pas oublié. Contrairement à son président.
Mais c’est bien là tout le drame : Marinakis croit peut-être que posséder un club donne le droit de piétiner ceux qui le font vivre. Il pense sûrement qu’un nul efface des mois de travail, d’émotion, de construction. Il se trompe. Et il offense plus qu’un entraîneur. Il trahit un club.
Cette scène de chaos, c’est celle d’un homme de pouvoir dépassé par sa propre vanité. D’un dirigeant incapable de mesure, qui préfère aboyer que bâtir. Nottingham Forest mérite mieux. Ses supporters, fiers et passionnés, méritent mieux. Nuno Espírito Santo, surtout, mérite bien plus que cette ignominie.
Un jour, Marinakis quittera la scène. Mais la honte de ce soir-là, elle, restera gravée.

