Après avoir changé de directeur sportif, puis de président, Rennes a fini par écarter jeudi l’entraîneur Julien Stéphan pour essayer d’enrayer la glissade persistante de l’équipe corrigée (4-0) dimanche par le promu Auxerre et actuellement 13e de Ligue 1.
Revenu en novembre 2023 dans un club qu’il avait mené à la victoire en Coupe de France en 2019 et à la Ligue des champions, Stéphan était en sursis depuis plusieurs matches. Avec 11 points en 10 journées, une longueur devant la zone rouge, la situation était devenue intenable pour le technicien.
Stéphan avait été choisi par les propriétaires du club, la famille Pinault, pour prendre la suite de Bruno Génésio qui avait jeté l’éponge après un début de saison 2023/2024 médiocre (12 points en 12 journées).
Après un rebond qui avait mené les Bretons aux portes des places européennes, les résultats s’étaient à nouveau effondrés, Rennes terminant l’exercice sans qualification européenne, une première depuis six ans. L’annonce de la prolongation de Stéphan, qui avait suivi cette soudaine décompression, avait déjà interpellé.
Mais à l’été, c’était le directeur sportif Florian Maurice qui avait payé la saison ratée en quittant le club pour rebondir à Nice, début juin. L’arrivée à sa place de Frederic Massara au prestigieux pedigree (AC Milan, AS Roma) devait permettre d’offrir à Stéphan un effectif sur mesure.
Avec 25 arrivées et départs, le Franco-Italien n’a pas chômé, travaillant main dans la main avec l’entraîneur, assurait-on au club.
Audit externe
Malheureusement, le coach n’a jamais semblé trouver la bonne formule, démarrant en 4-4-2 avec milieu en losange, avant de passer dans un 3-4-3 très frileux puis, dernièrement, un 4-3-3 qui n’a guère plus convaincu.
S’il a pu, à bon droit, invoquer pour sa défense la nécessaire intégration des recrues arrivées avec des niveaux de préparation physique variés, on ne sait toujours pas ce que vaut vraiment ce recrutement très international, dont certains éléments ne jouent d’ailleurs presque jamais…
Dans le jeu, l’animation offensive est quasi-inexistante, le niveau technique de joueurs pourtant doués balle au pied très insuffisant et la relative solidité défensive, qui semblait à peu près le seul atout des Rennais, vient de voler en éclats en Bourgogne.
Après avoir sacrifié le président exécutif Olivier Cloarec juste avant la dernière trêve internationale, début octobre, pour « insuffler une nouvelle dynamique » sous les ordres de l’ancien dirigeant lensois Arnaud Pouille, il ne restait plus à Rennes que Stéphan comme fusible.
Mais, preuve que le malaise est profond du côté de la Piverdière, le centre d’entraînement des Bretons, Ouest-France a révélé il y a quelques jours qu’un audit externe avait été confié à Grégory Dupont qui avait notamment été préparateur physique au Real Madrid sous Zinédine Zidane.
Pendant 15 jours, il doit observer le travail des différentes cellules de performance du club: préparation physique, staff médical, team management, diététique, analyse et suivi des datas, etc.. « Ce n’est pas de notre propre initiative, nous le staff« , avait clairement admis Stéphan, signe, peut-être, de la distance déjà prise par les dirigeants qui semblaient préparer « l’après ».
Mais c’est surtout un indice d’une prise de conscience chez les Rennais qu’ils s’étaient peut-être assoupis sur leurs lauriers après plusieurs saisons fastes.