Victor Ikpeba : “Il y a eu un avant et après les Jeux Olympiques 1996”

À jamais les premiers. Il y a 28 ans, l’armada nigériane plaçait ce pays d’Afrique de l’Ouest sur le toit de l’Olympe. Atlanta se rappelle encore des sourires de Jay-Jay Okocha, Daniel Amokachi et Nwankwo Kanu, médaille d’or autour du cou. Un doux souvenir dont l’ancien Super Eagle, Victor Ikpeba, figure de proue de cette épopée, se remémore pour Cafonline.com. Entretien.


Cafonline.com Quels souvenirs gardez-vous de votre participation aux Jeux Olympiques en 1996 ?

Victor Ikpeba : De la joie, j’étais tellement heureux d’y participer. De la fierté aussi quand je me rappelle des équipes que nous avons battu le Mexique en quart de finale, le Brésil en demie, puis l’Argentine en finale. Nous, les Africains, nous avons montré que cela était possible. C’est un tournoi que je ne pourrai jamais oublier.

Le Nigeria est arrivé aux États-Unis avec une équipe incroyable. Il y avait vous, Jay Jay Okocha, Nwankwo Kanu ou encore Daniel Amokachi. Quand vous vous retrouvez, vil vous arrive de parler de bon vieux temps ? 

Oui ! Les anecdotes fusent ! On redevient ces gamins qui, un jour, ont débarqué dans le nouveau monde, et sont repartis avec la plus belle des récompenses. Il y a quelques mois, nous étions invités au Cameroun par l’association “Bananes Plantains” pour un match de gala contre la génération 2000 des Lions Indomptables, pour un remake de notre finale de la Coupe d’Afrique des Nations. Je peux vous dire que c’était comme si on ne s’était jamais quitté. Il y a énormément de respect entre nous, on se soutient dans nos différents parcours, cette médaille d’or nous a incontestablement liée. Je pense qu’il serait bien de mettre en place un groupe whatsapp, histoire de prendre plus souvent des nouvelles des uns et des autres.

En quoi ces Jeux Olympiques ont-il été un plus pour vous ?

Dans ma carrière, il y a eu un avant et un après Atlanta 1996. À cette période je jouais pour l’AS Monaco en France. L’année qui a précédé notre victoire aux JO, mes statistiques sur le Rocher étaient convenables. J’ai joué 23 matchs et inscrit 6 buts. À mon retour d’Atlanta, j’ai disputé 44 matchs et marqué 22 buts. J’ai emmagasiné de la confiance et plus de professionnalisme. Pour moi, il y a eu un avant et après les JO. 

Que représentent les Jeux Olympiques à vos yeux ?

Pour tous sportifs c’est un accomplissement. C’est l’évènement le plus suivi de la planète. Cela nous rend encore plus patriote car on veut placer notre pays sur la carte de l’olympe. Imaginez-vous de les gagner comme ce fut notre cas en 1996, c’est encore plus spécial. Les gens te regardent différemment, car tu es champion olympique.

Actuellement, où se trouve votre médaille d’or ?

Je l’ai précieusement cachée chez moi (rires).

À quel moment vous vous êtes dit que vous allez être sacré champion olympique ?

Lors de notre demi-finale contre le Brésil. Ça peut paraître paradoxale car sur le papier, nous n’étions pas les favoris, car en face, vous avez une sélection composée de Bebeto, Roberto Carlos et Rivaldo. En plus, nous avions perdu contre eux, quelques jours auparavant en match de poule. Mais, Dieu était nigérian ce jour-là (rires). On est mené 3-1 puis on égalise 3-3 pour gagner en prolongation 4-3. 

Nous étions qualifiés pour la dernière étape. Et comme on le dit une finale, cela ne se joue pas, ça se gagne.

D’après vous quels sont les ingrédients indispensables pour gagner une médaille d’or aux Jeux Olympiques ? 

Il faut travailler sans cesse et avoir la foi en son talent. Pour ceux qui évoluent dans un sport collectif, comme le football, avoir confiance en son coéquipier. Il est important de ne faire qu’un homme lorsque vous participez à ce genre de tournoi.

Comment s’est passé le retour au Nigeria ?

Je n’ai pas eu la chance de vivre ça. Avec Wilson Oruma nous devions rejoindre rapidement nos clubs respectifs. Donc nous avons pris le même vol que l’équipe de France olympique. Je pense que les Français avaient eu beaucoup de médailles lors de cette olympiade. On n’a pas dormi dans l’avion tellement que la fête était belle. (rires).  Durant le tournoi on avait des nouvelles du pays. Après notre victoire contre le Brésil, le Nigeria était tombé dans l’ivresse, le pays n’avait pas dormi, tout le monde était dehors. Les jeunes, les vieux, les hommes, les femmes, que tu sois musulman, chrétien ou animiste, tout le monde était réuni autour de notre performance. C’était tellement beau. Là je vous parle de ce qui se passait au Nigeria, mais je ne peux pas oublier le soutien du continent. On a reçu des messages de nos frères du Ghana, du Cameroun, du Bénin, de l’Egypte, tout le peuple africain était derrière nous sans oublier la diaspora africaine présente aux États-Unis qui nous a massivement soutenus.

Les trois équipes qualifiées pour Paris 2024 sont le Maroc, l’Égypte et le Mali. La Guinée pourra se qualifier via un barrage. Sont-ils d’après vous des prétendants à la victoire finale ?

Oui, oui et oui ! On n’ a plus de complexe. Mais, les garçons doivent y croire fortement et ne jamais rien lâcher. Sur le Panthéon, il y a le Cameroun et nous, il est temps d’avoir une troisième nation africaine. Une chose est sûre c’est qu’ils seront soutenus. Il y a beaucoup de Marocains et de Maliens en France, c’est un atout qu’ils pourront utiliser. Je suis triste d’une seule chose : l’absence du Nigeria. 

Ma fille habite à Lyon. Maintenant que je suis grand-père, je veux suivre quelques matchs avec mes petits enfants. Cette édition parisienne va me rendre nostalgique. Je vais faire un bond dans le temps. Je suis sûr que cette compétition en France sera fantastique, j’en ai l’intime conviction.

Un conseil pour les pays africains engagés dans ce tournoi ?

Jouer ensemble ! La qualité est là et surtout amusez-vous !

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