Ajara Njoya se dévoile en marge du tirage au sort de Rabat 

« La CAN est un trophée qu’on a toujours convoité et que les Camerounais attendent. » 

A quelques heures du coup du tirage, c’est une Ajara enthousiaste que l’équipe de CAFOnline.com rencontre à Rabat au Maroc. Celle qui a vu son but nominé pour le Prix Puskas 2019 est considérée comme l’une des joueuses africaines les plus talentueuses de sa génération. La joueuse de 29 ans a rejoint la capitale marocaine, pour la cérémonie qui dévoilera les groupes de la CAN Féminine Maroc 2022.

L’attaquante camerounaise qui déplace les foules et déclenche des envahissements de terrain dans son pays natal, sait qu’elle a beaucoup de chance de pratiquer son métier de rêve.

Elle raconte son parcours et revient sur les grands moments de sa carrière dans cet entretien.

CAFOnline.com : Parlez-nous de votre parcours professionnel qui vous a mené de Njissé à Milan ?

Ajara Njoya : De Njissé en 2010 jusqu’à Milan en 2022, ça fait beaucoup d’années. Le football est ma passion depuis le bas âge. J’ai commencé quand j’avais 4 ans. Je jouais avec mes cousins ou les voisins du quartier, vu qu’à cette époque il n’y avait pas de filles à côté avec qui jouer. C’était généralement dans la cour de mes parents.

A l’âge de 15 ans, j’ai commencé à disputer les championnats nationaux au Cameroun. Il faut se rappeler que pendant les grandes vacances scolaires, il y avait l’école de football des brasseries qui organisait les tournois de jeunes. Je jouais avec les garçons.

En 2008, je quitte Njissé pour Douala durant les vacances. Je devais rejoindre mes grands-parents et c’est à ce moment que j’ai commencé à jouer avec des femmes.

Quand est-ce que les choses ont changé ?

J’ai rencontré un monsieur dans le quartier qui m’a dit qu’il pouvait me conduire où je pourrais jouer uniquement avec des femmes. J’y suis allée pour la première fois et c’était une belle expérience. Depuis ce jour, je n’ai plus cessé de jouer avec des femmes.

J’ai intégré l‘équipe nationale des moins de 17 ans en 2008. En 2010, j’ai été sélectionnée par le coach Enow Gachu pour participer à ma première Coupe d’Afrique des Nations en Afrique du Sud. Mais malheureusement, je n’ai pas joué. Mais c’était un réel plaisir pour moi de faire partie de l’équipe en compétition, une bonne expérience.

En 2010, j’ai voyagé pour la première fois en Russie où j’ai débuté ma carrière professionnelle. J’y ai passé trois ans, au FC Energiya et à Rossiyanka. Ensuite je suis allée à New York Flash aux États-Unis, par la suite je suis retournée au Cameroun où j’ai joué une saison avec AS Police, une équipe de la police qui n’existe plus. Par la suite, j’ai rejoint la Suède où j’ai évolué pendant deux saisons à Sundsvall en 2e division, puis la Norvège où j’ai évolué à Sandviken pendant une saison et à Valerenga pendant deux saisons. Je suis partie en Espagne où j’ai évolué avec Atlético de Madrid pendant 8 à 9 mois. Et enfin, l’an dernier, j’ai rejoint Inter de Milan où ça se passe plutôt bien aujourd’hui.

Ajara Njoya  - Rabat

Quelles sont vos plus beaux souvenirs de vos deux participations en Coupe du Monde Féminine de la FIFA ?

La première fois que je participe à une grande compétition, c’était en 2012 aux Jeux Olympiques. Pour nous, la qualification était une fierté car c’était nouveau.

Ensuite la coupe du monde 2015 au Canada où on se qualifiait pour la première fois à une phase finale du mondial. On a traversé le premier tour. À l’époque, les Camerounais n’étaient pas habitués à nous voir dans ce genre de compétition. C’étaient toujours les hommes. C’était vraiment une surprise pour eux. Depuis ce jour, ils nous ont adoptées. On a fait rêver les Camerounais. En 2019, en France, ils s’attendaient à ce qu’on fasse mieux. On avait vraiment le soutien de tout le public et il voulait nous voir aller le plus loin possible, comme en 2015.

Parlant de votre aventure en Coupe du Monde, que représente le fait d’être l’auteure des deux buts les plus importants des Lionnes Indomptables dans cette compétition ?

Ça fait toujours plaisir d’être l’auteure de certaines situations comme les 2 buts que je marque pour qu’on traverse le premier tour. Je fais toujours l’effort quand j’entre dans un stade, de prendre du plaisir. Des récompenses individuelles peuvent arriver, mais au départ, on pense toujours au collectif parce que c’est le plus important. On savait que les Camerounais nous attendaient. C’est pourquoi on a mouillé le maillot jusqu’à la dernière minute. Au final, on a obtenu notre ticket pour le second tour.

La Coupe d’Afrique des Nations TotalEnergies aura lieu ici au Maroc dans 2 mois, qu’est-ce cela signifierait pour vous de gagner ce tournoi ?

C’est un trophée qu’on convoite depuis des années. Pour moi particulièrement, ça va être la 5e fois que je vais participer à une CAN. Je sais que les Camerounais attendent ce trophée. C’est vrai, ce n’est pas facile parce qu’il y a beaucoup de grandes nations qui sont là aussi.

Il faut savoir qu’avec la CAN, quatre pays vont se qualifier définitivement pour la Coupe du monde et deux vont jouer les barrages. C’est beau et je pense qu’avec ces opprtunités, beaucoup de parents vont encourager leurs enfants. Il faut qu’ils essaient de comprendre quand leur enfant rêve d’être footballeuse. Et pourquoi pas l’accompagner dans son rêve et faire en sorte qu’elle se sente à l’aise ? C’est un métier comme tous les autres. Il suffit juste d’accompagner les enfants et de les encourager, leur faire comprendre qu’à travers le football, elles peuvent devenir des femmes accomplies.

Vous êtes un porte flambeau du football féminin africain, vous réalisez à quel point vous inspirez toute une génération de jeunes footballeuses ?

Je suis encore en pleine activité et c’est vrai que je représente toute une génération. Pour moi, c’est un honneur d’occuper ce rang aujourd’hui. J’aimerais que les parents accompagnent les enfants dans leur rêve, parce que beaucoup manquent de ce type de soutien. Quand un parent motive l’enfant, ça lui donne encore plus envie d’évoluer. Au départ, ça n’a pas été facile pour nous. Si on n’avait pas rêvé grand pour être là aujourd’hui, on ne serait jamais arricvé à ce niveau. Donc, quand je suis à l’international, je fais l’effort de bien représenter l’Afrique parce que je sais que beaucoup de jeunes enfants veulent être comme moi, comme nous. Je ne suis pas la seule, nous sommes nombreuses à jouer au haut niveau. C’est un plaisir pour moi d’être là aujourd’hui et de représenter le Cameroun.

  • Propos recueillis par CAFONLINE

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