Des sportifs, des champions à leur heure de gloire, souffrent et disparaissent les uns après les autres sans que personne, hormis la petite famille et quelques amis, ne s’en soucient
Premier Boxeur Champion d’Afrique en professionnel
Abdelkader Ould Makhloufi faisait partie de ceux-là, ces sportifs qui ont porté le drapeau et la voix de l’Algérie haut et fort. Sur la scène internationale et dans les plus grands championnats. Aujourd’hui, le natif de Boufarik (80 ans) souffre en silence dans un lit de l’hôpital de Rouiba où il a été admis suite à des ennuis de santé. L’ancien boxeur, champion d’Afrique en boxe professionnelle, ancien entraîneur et directeur technique national périt à petit feu et, devant l’absence de ceux censés assister les sportifs, anciens et nouveaux, sa situation empire de jour en jour malgré la bonne volonté des médecins du service cardiologie de l’établissement de la localité de Rouiba. Ceci alors que les instances chargées du sport (MJS, COA, FAB) restent en marge en adoptant une posture insouciante, à la limite du mépris envers un champion qui a honoré les couleurs quand l’Algérie avait tant besoin de sortir de l’ornière.
Né à Boufarik en 1944, Abdelkader Ould-Makhloufi avait entamé sa carrière à l’âge de seize ans au Boxing Club de la Mitidja. « Je me suis entrainé pendant quatre ans avant de monter sur le ring pour aborder mon premier combat. » avait-il confié à un journaliste de la Tribune il y a quelques années.
Il sera le premier champion d’Afrique dans le cadre de l’ABU (African Boxing Union) après les indépendances africaines, après avoir battu à Alger en 1973 le Ghanéen Joe Teteh (catégorie plumes), le 15 décembre 1973. Il gardera son titre durant quatre années, puis abandonnera la boxe par manque de moyen et de soutien.
Championnat du Monde perdu au Japon
Il est aussi le seul Algérien à avoir disputé à ce jour, un « vrai » championnat du Monde (WBC) en 1977 dans la catégorie des plumes, devant le champion japonais Shibata, qu’il n’a pas pu gagner, à cause des conditions difficiles dans lesquelles a été préparée et a eu lieu cette confrontation.
Il a refusé la nationalité Française
Durant les années 70, des journaux français lanceront une rumeur sur sa naturalisation. Rumeur démentie par le boxeur. Dans un entretien au Soir d’Algérie, il explique «Je dois préciser que lorsque j’ai opté pour le professionnalisme en France, j’ai battu tous mes opposants français. A ce moment-là, on me disait que je pouvais être champion d’Europe. Mais pour ce faire, il fallait que je dise oui à la nationalité française, ce que j’ai refusé parce que j’ai vécu, à 17 ans, les horreurs commises par la France en Algérie, notamment en 1958. Toutefois, la presse sportive française ne cessait de relater mes exploits ».