Le cas Rayan Cherki : Pourquoi l’Algérie doit-elle encore attendre ?

Par Yassine Bouali

Ces derniers jours, les réseaux sociaux s’agitent une nouvelle fois autour de Rayan Cherki, ce talent précoce de l’Olympique Lyonnais, dont l’avenir international reste flou. Une situation qui soulève des questions bien plus larges que le simple choix d’un maillot : pourquoi les joueurs franco-algériens de grand talent hésitent-ils à choisir l’Algérie ? Et pourquoi cette nation semble-t-elle toujours devoir attendre — parfois à genoux — ceux qu’elle considère déjà comme les siens ?

🧬 Une triple culture, une seule vérité

Rappelons les faits, pour ne plus laisser place aux rumeurs : le père de Rayan Cherki est Italien, sa mère est Algérienne — originaire de Biskra. Il est donc éligible pour jouer avec la France (où il est né), l’Italie (par son père), ou l’Algérie (par sa mère). Il a jusqu’à présent porté les couleurs de la France dans toutes les catégories jeunes, jusqu’aux Espoirs. Mais l’équipe A ne semble pas pour tout de suite.

🇫🇷 La France : une vitrine inaccessible ?

Rayan est l’un des joueurs les plus techniques de sa génération. Pourtant, il n’a jamais été appelé en équipe de France A, pas même pour les rassemblements de fin de saison ou les JO 2024 sous Thierry Henry. Ce silence prolongé de la FFF laisse un goût amer. Comme si un joueur à la créativité si rare devait en faire deux fois plus pour prétendre à ce qui, pour d’autres, arrive bien plus facilement.

Je ne dis pas que Cherki est irréprochable ou déjà prêt pour l’élite. Mais comment justifier son absence totale des débats quand on connaît le traitement réservé à d’autres jeunes de sa génération ?

🇩🇿 L’Algérie : encore et toujours reléguée au second choix ?

Du côté algérien, on attend, encore. Et c’est là que je pose une vraie question :
Pourquoi l’Algérie doit-elle systématiquement passer pour un choix par défaut ?
Les supporters algériens n’en peuvent plus de ces feuilletons à rallonge où le pays est toujours dans la posture du plan B. Après Aouar, Gouiri, Aït Nouri, Bennacer (au départ), on revit encore le même scénario.

Je ne parle pas d’une obligation morale de représenter l’Algérie. Je parle de perception. D’une Algérie qui mérite d’être aimée dès le début, pas seulement quand la France se détourne. D’une nation qui ne devrait pas avoir à supplier ses propres enfants pour qu’ils la rejoignent.

🇮🇹 Et l’Italie dans tout ça ?

Soyons honnêtes : l’Italie ne semble pas intéressée par Rayan Cherki. Peut-être parce qu’il n’a pas grandi dans son système, ni dans sa culture footballistique. Peut-être aussi parce que les talents offensifs ne manquent pas là-bas. Mais le fait est qu’aucun bruit, aucun appel du pied, aucune convocation symbolique n’est venue de la Fédération italienne. Cela en dit long.

🔍 Une question de fond : choisir l’Algérie, c’est encore un risque ?

Je me pose cette question depuis longtemps :
Pourquoi autant de joueurs binationaux hésitent à jouer pour l’Algérie ?
Est-ce la peur d’un niveau de jeu perçu comme inférieur ? L’angoisse d’être « oublié » par les grands clubs européens ? L’absence d’un projet clair au niveau fédéral ? Ou simplement un manque de considération personnelle, par crainte de n’être appelé qu’en dernier recours ?

Ce n’est pas aux joueurs seuls de porter la responsabilité de cette situation. Mais il faut reconnaître que la sélection algérienne continue d’être perçue comme un refuge, pas comme une ambition.

Et ça, ça doit changer.

🔚 Conclusion : Cherki a le droit de choisir… mais pas d’ignorer

Je respecte le silence de Rayan Cherki. Ce choix lui appartient. Il peut attendre, analyser, rêver de l’Euro 2028 ou de la Coupe du monde 2030 avec les Bleus. Il peut espérer un projet sérieux avec l’Italie. Il peut aussi, un jour, dire « oui » aux Fennecs.

Mais ce que je refuse d’accepter, c’est que l’Algérie continue d’être traitée comme une porte de secours. Elle mérite mieux. Et elle mérite des joueurs qui viennent par conviction, pas par dépit.


À bon entendeur.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: