Méconnaissables et battus à domicile par un adversaire dit sur le déclin, les Bleus n’ont pas envoyé un message rassurant, samedi, mais pas au point de jeter à la poubelle les acquis des derniers mois.
Avant ce rassemblement, Didier Deschamps avait annoncé avoir une idée assez claire de la liste de joueurs qu’il compte emmener pour l’Euro cet été. Sous-entendu : ne vous attendez pas à ce qu’il y ait de grands chamboulements en ce mois de mars. Samedi soir, son équipe est complètement passée à côté de son dernier test face à un grand d’Europe, l’Allemagne (0-2), qui plus est pays hôte du tournoi tant attendu.
Tant le contenu proposé par les Bleus a déçu, les joueurs n’ont pas voulu se voiler la face ni trouver d’excuse confortable. “Il nous a manqué un peu de tout”, a tranché Lucas Hernandez au micro de TF1. “On a été surclassés dans tous les compartiments du jeu”, a prolongé Aurélien Tchouaméni. Quelques minutes plus tard, Didier Deschamps s’est présenté en conférence de presse avec un peu moins d’autocritique.
Des Bleus fatigués ?
Dans une belle prétérition, le sélectionneur des Bleus a minimisé l’échec de son équipe : “Je ne veux pas entrer dans des explications qui seraient interprétées comme des excuses. L’ensemble du groupe est arrivé avec de la fatigue et on a eu notre lot de pépins physiques aussi.” A trois reprises, l’impact de la fatigue sur son groupe a été avancé. L’autre explication à la défaite de son équipe tient, selon lui, dans la qualité de l’opposition proposée par l’Allemagne, qui a fait “un très bon match”.
En douze années de mandat, le coach en a vu d’autres. S’il est apparu marqué, mais pas particulièrement inquiet, c’est aussi parce que la rencontre était un test. “C’est toujours bien d’avoir des difficultés (…) Au moins, on sait ce qu’on a à faire pour être performants”, a-t-il souhaité relever. Aussi ratée soit elle, la soirée ne remettra pas en question les certitudes bâties ces dernières années. On pourrait même se dire que certaines en sortent renforcées.
L’absence d’Antoine Griezmann, sa première depuis juin 2017, s’est clairement fait sentir. La partition des Bleus a manqué de liant. A part quelques numéros de solistes, signés Kylian Mbappé ou Ousmane Dembélé, il n’y a rien eu à se mettre sous la dent. “Je n’avais pas besoin de ce match pour savoir l’importance d’Antoine. Mais si Antoine avait été là ce soir, vu le manque qu’on avait dans beaucoup de domaines, cela n’aurait pas été évident non plus”, a analysé Deschamps.
Pas de quoi tout remettre en question
Perdue, l’animation tricolore n’a pas rendu service à Marcus Thuram, qui avait une carte à jouer pour s’installer comme le titulaire à la pointe de l’attaque des Bleus. Ce dernier n’a pas existé. Le public du Groupama Stadium a beau avoir exprimé sa préférence pour Olivier Giroud, ce dernier a éprouvé les mêmes difficultés. Le statu quo est également de mise en défense centrale, la prestation de Benjamin Pavard n’ayant pas suffi à rebattre les cartes. Le duo préféré de Deschamps, Dayot Upamecano-Ibrahima Konaté, a encore de beaux jours devant lui.
Le non-match de l’équipe de France a plus les airs d’un faux départ pour 2024 que d’une régression. Sans Antoine Griezmann, ni Kingsley Coman, ni Mike Maignan, après trois mois sans le moindre rassemblement, toutes les conditions n’étaient pas réunies pour tirer la quintessence de ce groupe très talentueux. Surtout, la dimension amicale de la rencontre fait qu’elle n’a pas de réelles conséquences sur l’avenir des Bleus. On peut aussi accorder à Lucas Hernandez l’importance de l’ouverture du score lunaire, concédée après seulement sept secondes de jeu. “Ça a perturbé notre match. On a dû tout recommencer à zéro, ça a changé toute la rencontre”, a-t-il déploré. Un scénario qui ne devrait pas se reproduire avant des lustres.
Le problème est qu’il ne reste plus beaucoup de matchs pour parfaire les réglages de cette équipe extrêmement ambitieuse. Ce rassemblement est le dernier avant que les joueurs convoqués pour l’Euro n’aient droit à des derniers tests juste avant le tournoi, courant juin. L’attitude des joueurs de Didier Deschamps sera particulièrement scrutée mardi à Marseille, où une équipe remaniée est attendue pour affronter le Chili.