Le sélectionneur du Tchad Kévin Nicaise veut marquer à tout prix l’histoire de son pays qu’il souhaite qualifier pour la Coupe du Monde de la FIFA 26™. Il se confie à FIFA.com
Natif de Bruxelles, Kévin Nicaise a porté à 13 reprises le maillot du Tchad, le pays d’origine de son père. Depuis 2011, année de ses premières convocations en tant que joueur avec les Sao, l’amour de l’ancien milieu de terrain pour ce pays d’Afrique centrale n’a cessé de croître. “C’est vrai que j’aurais pu signer un contrat en Belgique, gérer un club professionnel et connaître de meilleures conditions de vie mais je suis Tchadien et surtout fier de l’être. L’appel de la patrie a été beaucoup plus fort. C’est un sentiment assez indescriptible”, lance le tacticien dans un entretien exclusif avec FIFA.com.
À l’instar d’un Emerse Fae avec la Côte d’Ivoire ou d’un Walid Regragui avec le Maroc, Kévin Nicaise incarne parfaitement la nouvelle génération de sélectionneurs binationaux qui ont forgé leur carrière de footballeur hors du continent africain avant de faire le choix d’entraîner en Afrique.
“Je pense que le rêve de tous les tacticiens est d’entraîner son équipe nationale, c’est le but ultime. Revenir travailler sur le continent, c’est aussi se challenger. Pour entraîner en Afrique, il faut avoir du cœur et surtout un certain grain de folie (rires). Lorsqu’on voit ce que cela nous apporte et la progression de l’équipe, les sacrifices qu’on a eu à faire prennent du sens”, affirme-t-il.
Le Tchad a cependant mal débuté sa campagne qualificative au Mondial 26. Même si le niveau de jeu est en net progression, les Sao comptent zéro point après leurs deux défaites face au Mali 3-1 et contre Madagascar 3-0. Une situation qui n’a pas de quoi alerter le sélectionneur, confiant quant à la capacité des siens à inverser la tendance au mois de juin.
À l’aube de la reprise des matches de qualification pour le prochain Mondial, Kévin Nicaise évoque les prochains défis de sa sélection, en toute décontraction.
FIFA.com : Depuis octobre 2023, vous êtes le sélectionneur du Tchad. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?
Kévin Nicaise : Je pense que le rêve de tout tacticien est d’entraîner l’équipe nationale de son pays. C’est le but ultime. Quand j’étais joueur, je me suis toujours dit qu’il était possible de faire quelque chose de beau et d’écrire une belle histoire avec les Sao. Nous avons réalisé quelques exploits mais malheureusement, si on doit faire un bilan, c’est assez négatif. À la fin de ma carrière de joueur, j’ai passé mes diplômes et l’occasion s’est présentée d’intégrer le staff de l’équipe nationale en tant qu’entraîneur adjoint, puis j’ai pris les rênes de l’équipe. C’est l’amour du pays qui me pousse à réussir là où certains ont échoué, pour diverses raisons.
Les 20 et 26 mars, le Tchad va affronter Maurice pour le compte du tour préliminaire de la Coupe d’Afrique des Nations de la CAF 2025. Quelles seront les clés pour remporter cette double confrontation ?
Il va falloir être bien préparé physiquement. Par le passé, cet aspect du jeu nous a souvent joué des tours. Les joueurs n’étaient pas en bonne condition physique car ils ne disputaient pas assez de matches. On sentait qu’on était trop juste physiquement et on s’écroulait dix minutes avant la fin des rencontres en encaissant des buts inévitables. Pour la double confrontation face à Maurice, cela ne sera pas le cas car tous mes joueurs jouent dans leurs clubs respectifs. Mentalement, le groupe est prêt, je n’ai aucun doute sur le fait qu’ils vont respecter le plan tactique.
Qu’est-ce que représenterait une qualification pour la phase finale d’une compétition majeure pour le Tchad ?
C’est le rêve de tous les Tchadiens. Cela serait extraordinaire, car nous sommes l’un des rares pays à ne pas avoir participé à une compétition internationale comme la Coupe du Monde ou la Coupe d’Afrique des Nations. La dernière fois qu’on a gagné un match, c’était il y a 5 ans face au Libéria, et le pays était en ébullition. On a conscience de la mission qu’on doit accomplir et des attentes autour.
En juin, vous aurez rendez-vous avec la République centrafricaine et les Comores pour les 3e et 4e journées des qualifications pour la Coupe du Monde 2026. Qu’attendre du Tchad ?
Nous voulons engranger de l’expérience et faire un bon résultat. On veut progresser et la meilleure des progressions se fait en jouant. Nous sommes très heureux car on enchaîne les rencontres. On a joué deux matches en novembre, on va en disputer deux en mars et deux en juin, cela nous fait six matches en sept mois, une situation inédite pour le Tchad. C’est un véritable luxe pour nous. Il faut dire qu’auparavant, on souffrait d’un réel déficit à ce niveau. Le terrain ne ment pas. Match après match, les automatismes se créent plus aisément.
Pour la première fois de l’histoire de la Coupe du Monde, l’Afrique sera représentée par neuf sélections au minimum. Est-ce qu’on peut espérer de grandes prestations de ses nations ?
Bien sûr ! Le football africain ne se cache plus, il n’a plus de complexe. On a des nations de plus en plus fortes qui peuvent rivaliser avec les plus grandes sélections. J’ai bon espoir qu’en 2026, une nation africaine sera de nouveau dans le dernier carré de la Coupe du Monde.
Pour finir, quels sont vos plus beaux souvenirs de la Coupe du Monde ?
J’en ai deux. Le parcours de la Belgique à la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™, où les Diables Rouges sont allés jusqu’en demi-finale. En tant que binational, je connais pas mal de joueurs de cette génération et cela m’a fait plaisir de les voir aussi performants lors de ce Mondial. Le second est le sacre de la France en 1998. La bande de Zidane m’a beaucoup fait rêver.